Restaurant
Avec des chefs comme Gérard Goetz, la gastronomie alsacienne est une fête sans cesse renouvelée. Au restaurant Julien à Fouday dans la haute vallée de la Bruche, chaque repas est un moment festif et convivial.
Dernière édition : 26 avril 2020
C’est grâce au Tour de France que le bel établissement Julien à Fouday existe ! Gérard Goetz raconte volontiers cet épisode a permis à ses parents d’aller de l’avant.
« Mes parents avaient acheté le bistrot de la gare. Mais ils n’avaient pas d’argent. Comme le tour de France devait passer devant le bistrot, ils ont sorti tables, fût de bière et barbecue. La recette leur a permis d’acheter du matériel de cuisine, du mobilier, les serviettes de table…. ». Julien et Yvette travaillent sans relâche tout comme leurs enfants.
À 12 ans, Gérard sait préparer de la pâte à chou, vider les volailles. « Pendant mon apprentissage, je rêvais de travailler dans des grands restaurants, de partir au Canada… ». Des rêves qui tournent court : son père disparaît bien trop tôt et à seulement 18 ans, Gérard rentre à Fouday pour aider sa maman. « Le temps qu’elle vende son affaire, je n’avais aucune envie de finir ma vie comme patron d’un routier au fond d’une vallée ! »
Mais alors ? « Alors, j’ai rencontré Marylène - et je suis resté, » sourit Gérard Goetz.
En 40 ans de travail acharné, Gérard et Marylène ont transformé le bistrot du routier en un magnifique hôtel-spa doté d’une belle table. À l’exemple des beaux hôtels visités en Forêt-Noire. Sauf que personne n’y a cru. : Un hôtel de standing coincé entre la voie ferrée et la route nationale. Mais en 1980, les Goetz peuvent lancer les premiers travaux. Au fil des années, l’établissement grandit, tout comme la réputation de son restaurant, attirant une clientèle fidèle.
Depuis deux ans, Gérard Goetz essaye de se retirer tout doucement. « Avec Jean-Jacques Klein, j’ai un excellent chef.
Il apporte un peu de modernité, il faut bien évoluer, mais en douceur. Nous ferons toujours une cuisine cuisinée, très classique mais aussi ouverte sur le monde. »
Mais Gérard Goetz est bien trop modeste en parlant de sa cuisine qui fait, certes, la part belle aux produits régionaux et aux recettes classiques, mais qui laisse aussi une jolie place aux créations. C’est ainsi que la carte affiche aussi bien des plats comme un kougelopf tiède d’escargots au beurre d’ail, une cassolette de rognons et ris de veau sautée aux girolles ou une choucroute aux quenelles de foie, boudins blancs et noirs qu’un tajine de gambas façon thaï.
« Les bouchers de la vallée préparent les boudins selon la recette de mon père, » explique Gérard qui a racheté le matériel de la dernière boulangerie de Fouday. Ce qui permet aux gens du village de pouvoir continuer à acheter leur pain sur place.
Quatre salles invitent à s’attabler pour déguster la cuisine généreuse de Julien. Difficile choisir entre l’auberge d’Yvette et son décor de ferme vosgienne, la chaleureuse Kaminstub, l’élégante salle à manger et la Schirgoutte montagnarde, du nom du petit ruisseau villageois.
Les deux filles de Gérard et Marylène Goetz, Éléonore et Hélène ainsi que son mari Gaston, ont rejoint la maison familiale.
Gérard Goetz vient de publier un très beau livre consacré à l’Alsace, ses recettes incontournables, ses produits et ses producteurs. A travers ses récits, les reportages de Jean-Paul Frétillet et les photographies de Louis Laurent Grandadam, se dessine une Alsace pleine de saveurs et de curiosités. Un bel ouvrage qui est bien plus qu’un simple livre de cuisine.
Julien, Route de Strasbourg
67130 Fouday
Restaurant ouvert tous les jours de 12 h à 14 h,
19 h à 21 h sauf mardi et mercredi.
Mardi soir et mercredi soir uniquement le menu « pension» (5 plats) à 40 € par personne.
Tél. 03 88 97 30 09
Alsace, un paysage gastronomique, Gérard Goetz
éd. La Martinière, 45 €.