Restaurant
Pour un week-end en amoureux, direction le Beaujolais et son village qui fait accourir les amoureux du monde entier.
Dernière édition : 26 avril 2020
Appeler son restaurant « paradis » dans un village au doux nom de Saint-Amour, il fallait le faire. Présomptueux le chef ? Pas vraiment. Irrévérencieux, sûrement. C'est que l'homme à lui seul est un poème !
Petit, Cyril Langier adorait la pâtisserie de ses grands-mères. Ado, il tombe sur un livre de Georges Blanc et se met en tête de devenir cuisiner et de faire son stage chez Georges Blanc. Après l'armée (où il cuisine à l'Élysée), il part trois ans à Istanbul avant de reprendre cette ancienne auberge endormie dans le vignoble du Beaujolais avec son épouse Valérie.
Cyril et Valérie se sont visiblement éclatés pour transformer la paisible auberge villageoise en petit hôtel au charme fou. Entre objets chinés et mobilier contemporain, on n'a qu'une envie : s'y installer.
Rien n'est « comme il faut » dans cet établissement dont la façade côté rue ressemble à une paisible auberge de village. En poussant la porte, on se retrouve dans un accueillant bar avec un beau zinc au corps rouge. Ce serait-on trompé de porte, cela ne ressemble pas vraiment à un restaurant étoilé (1*Michelin).
En pénétrant dans la salle du restaurant, c'est toujours la surprise. Malgré l'argenterie et la belle vaisselle, elle n'est classique qu'au premier regard : des murs noirs, rideaux noirs, des chaises et tables dépareillées, des nappes rayées noir et gris, des drôles de tableaux « osés », des fourchettes suspendues au plafond, un grand cœur au mur (nous sommes à Saint-Amour) formé par des fourchettes... L'ensemble forme un style « baroque moderne » plein d'humour et de clins d'œil à l'amour. Il n'y a que ce cadre un peu déjanté pour pouvoir servir d'écrin à la cuisine colorée et inventive du chef, voyageur dans l'âme et passionné d'épices...
Des épices qui réchauffent, qui colorent l'ambiance, qui surprennent en association avec des bons produits du terroir. De ses voyages, Cyril a gardé la mémoire des saveurs. Véritable artiste gastronomique, il ose toujours de nouveaux assemblages, fait voyager les papilles de ses hôtes. Au fur et mesure que les plats arrivent, l'air embaume les épices Travailleur infatigable et enthousiaste, Cyril se fait plaisir en créant ses différents plats dont la magnifique présentation pleine de fantaisie laisse parfois perplexe.
Valérie a d'ailleurs parfois du mal à cacher son sourire en égrenant les assemblages imaginés par son chef de mari ! « Dans chaque plat, je glisse un spaghetti sous une forme ou une autre, sourit le chef avec son sourire d'éternel garçon farceur. C'est mon côté italien ! » Chaque mois, Cyril compose un menu unique, servi midi et soir pendant quatre semaines. Seul moyen pour lui de pouvoir assurer tout seul en cuisine, avec juste un commis.
En février, il surprend entre autre avec une marinade de filet charolais à la pistache, anis vert et l'aneth, un turbot avec râpé de curcuma et feuilles de coriandre, un tube croustillant au chocolat avec une crème renversée au carvi, endive et cerneaux de noix....
Mais ne dévoilons pas tout, pour ne pas gâcher la surprise ! Même s'il est fort probable que Cyril affiche complet pour la Saint-Valentin, tout comme son voisin, Masafumi Hamano et son restaurant 14 février (cela ne s'invente pas non plus !).
Au fait, les deux restaurants ont chacun une étoile au guide Michelin. Un exploit pour un village d'à peine 600 âmes !
L'auberge du paradis, Le Plâtre Durand, 71570 Saint-Amour- Bellevue, tél. : 03 85 37 10 26 ; ouvert du mercredi au dimanche soir, ainsi que samedi et dimanche midi.