Vins
Les ruines de trois châteaux veillent sur la cité qui fait partie des Perles du vignoble alsacien. C’est ici que la plus ancienne cave coopérative de France peut s’enorgueillir de posséder un monopole unique en Alsace, le Clos du Zahnacker.
Dernière édition : 24 mars 2021
L’histoire de la cave de Ribeauvillé remonte en 1895. L’annexion de l’Alsace par l’Empire allemand a provoqué le déclin du vignoble. Des viticulteurs de la petite cité décident alors de s’unir pour mieux faire face à la crise.
Les temps ont bien changé depuis. La Cave de Ribeauvillé se positionne parmi les meilleures caves coopératives d’Alsace. La Revue des Vins de France la nomme Cave coopérative de l’année en 2016, le magazine Wine & Spirit la distingue comme Winery of the year en 2014.
Des distinctions méritées. « Actuellement, nous avons 40 coopérateurs, tous des viticulteurs à 100%, explique Yves Baltenweck, président et dont l’aïeul a été cofondateur de la cave. « Nous nous connaissons tous, ce qui facilite la cohésion dans la conduite du vignoble. Ce travail en bonne intelligence nous a d’ailleurs permis l’obtention de la certification HVE niveau 3 en 2019. Mais nous avions déjà notre propre charte de qualité depuis 2001 concernant le travail du sol, la limitation des rendements ou encore la limitation des produits phytosanitaires. Toutes les vignes sont vendangées manuellement. D’ici 2023, 23% de nos vignes seront cultivés en bio. » (HVE : haute valeur environnementale).
Les 235 ha de vignes de la cave se situent en coteaux sur la plus grande faille géologique du Rhin. Une richesse géologique qui fait la joie d’Evelyne Bleger-Cognacq, œnologue et responsable technique de la cave. Même si cela induit un surplus de travail. « Cette grande variabilité de terrains nécessite beaucoup de sélections parcellaires, des assemblages très précis et détaillés.
Ribeauvillé, c’est le terroir parfait pour le riesling : beaucoup de calcaire qui donne la bonne acidité du cépage, un microclimat parfait… ».
D’ailleurs, si la cave produit la palette complète des sept cépages alsaciens (sylvaner, muscat, pinots blanc, gris et rouge, riesling, gewurztraminer), c’est le riesling qui est particulièrement représenté. Rien d’étonnant à cela quand on sait que c’est le cépage qui exprime particulièrement bien le terroir et que les vignes de la cave comprennent 8 Grands Crus et Lieux dits.
A la pouponnière
La Cave propose entre 70 et 80 références, ce qui est plutôt surprenant vu la surface du vignoble. « C’est la conséquence de la grande variété de sous-sol, des nombreuses sélections parcellaires. Parfois c’est un véritable travail de dentelle, sourit l’œnologue. Pour mieux comprendre, direction la grande cuverie.
Là, un panneau intrigue : « Pouponnière ». C’est ici que quelques 70 petites cuves de 1 à 80 hectolitres, permettent de vinifier de toutes petites quantités correspondant parfois à moins de 300 bouteilles ! C’est d’ailleurs un des atouts de la cave, cette multitude d’expressions particulières. Sans oublier la gamme des vins cashers.
Le mythique Clos du Zahnacker
La plus grande fierté de la Cave de Ribeauvillé est le Clos du Zahnacker (1,24 ha), situé au cœur du Grand Cru Osterberg. Le Clos remonte au moins au VIIIe siècle. Le premier propriétaire recensé était Martin Zahn, moine chevalier.
C’est lui qui lui donné son nom, Zahnacker, le champ de Zahn (acker signifie champs en alsacien). Sa particularité : la complantation traditionnelle de trois cépages nobles, riesling, pinot gris et gewurztraminer. Chaque cépage est vendangé à part, selon sa maturité. Mais ensuite, et contrairement aux autres cépages, ils sont vinifiés ensemble. Aucun millésime ne ressemble donc à l’autre, mettant en valeur l’un ou l’autre des trois cépages selon l’année. « Il se crée une véritable harmonie, qui n’est pas le fait de l’assemblage mais bien du Clos », estime l’œnologue.
Une grande paix se dégage de ce clos délimité par un mur en pierres sèches. Pour Evelyne Bleger-Cognacq, le site est un peu magique. Peut-être parce que les sources chaudes de Carola qui coulent dans son sous-sol en font la première parcelle qui dégèle à la fin de l’hiver ? Peut-être aussi en raison des groupes de sculptures géantes, œuvre du sculpteur français Christian Lapie. Sept groupes de trois statues épurées en chêne sont visible de loin. Pour l’artiste, ils représentent les sept étapes de la vinification des trois cépages.
De quoi attirer l’œil sur le clos qui produit un vin royal, puisque Louis XIV l’aurait dégusté – et apprécié. Le hanap dans lequel il aurait bu, est d’ailleurs précieusement préservé en mairie de Ribeauvillé, et il figure tout naturellement sur l’étiquette des flacons.
Au caveau
Un autre artiste accueille les visiteurs de la cave : Ted Scapa a entièrement décoré deux bouteilles géantes qui flanquent la porte d’entrée. Et comme faire du bon vin est tout un art, le vaste caveau de dégustation offre aussi un espace d’expositions aux œuvres d’artistes.
Claude de Ribeaupierre, l’un des descendants des comtes de Ribeaupierre qui possédaient les châteaux qui surplombent Ribeauvillé. Derib, de son nom d’artiste, a créé des coffrets et des dessins pour la cave.
Au sous-sol, un petit musée de la vigne raconte le travail des viticulteurs d’antan. Une visite qui permet ensuite d’apprécier ensuite encore mieux la dégustation !
Cave de Ribeauvillé Martin Zahn
2 route de Colmar
68150 Ribeauvillé
+33 389736180
www.vins-ribeauvillé.com