Dernière édition : 28 juin 2017
Vous n'irez jamais à Pforzheim pour son architecture. Détruite presque complètement pendant la Seconde Guerre mondiale (toute une colline artificielle a du être montée afin de pouvoir dégager tous les débris), elle a été reconstruite « à l’arrache », avec des immeubles fonctionnels sans aucun charme. La municipalité avait d'autres soucis que la recherche esthétique.
Heureusement, quelques rares bâtiments ont échappé à la destruction et ils donnent une idée de l’ancienne opulence de la ville, haut-lieu de l’orfèvrerie.
De nombreux espaces verts égayent la ville qui, malgré la crise qui a vu la fermeture de nombre d'ateliers, est toujours réputée pour son horlogerie et son orfèvrerie.
Deux écoles à la renommée mondiale accueillent des étudiants du monde entier.
Visiter un gazomètre ne vous intéresse pas? Vous avez tort! Celui de Pforzheim mérite le déplacement, sans hésiter !
Car cette impressionnante cloche en fer où était stocké le gaz produit par la houille, abrite aujourd’hui un formidable espace culturel avec le plus grand panorama à 360° du monde. Merci au mécène qui a eu cette magnifique idée: préserver ce témoignage d'un passé industriel tout en le mariant à la culture. N'est-ce pas aussi grâce à l'arrivée du gaz que les ateliers de l'orfèvrerie, de l'horlogerie, de mécanique de précision ont pu augmenter leur production? Séduit par le travail de Yadegar Asisi, il lui a proposé d'utiliser cet espace aux dimensions formidables pour y installer un "panorama".
L’œuvre de l’artiste Yadegar Asisi, "Rom 312", fait revivre la cité romaine à l’époque de l’empereur Constantin. Il faut se dépêcher pour se promener dans la cité italienne, l'artiste prévoit déjà un nouveau panorama!
La vue va vers les temples, basiliques, thermes et autres constructions avant de s’évader vers les collines.
Après avoir visité une petite exposition qui explique la technique employée et la démarche de l’artiste, le visiteur monte tout en haut de la plateforme - pour un voyage dans la Rome antique - avec quelques clins d’œil à la vie actuelle (il faut bien chercher!).
Il fait nuit noire, l’air semble moite, remplie du chant des cigales. C’est une belle nuit d’été à Rome mais la ville ne dort pas complètement.
Un chien aboie, les sabots d’un cheval battent le pavé. Le chant d’un coq et le pépiement des oiseaux annoncent l’aube. Le soleil se lève, révélant la vie dans les rues de Rome.
Le visiteur a l'impression de faire partie de cette immense fresque qui l'entoure. C'est magique !
L'histoire d'or de Pforzheim débute en 1767, lorsque le margrave Charles Frédéric de Bade autorise la fabrication de bijoux et de montres dans l’orphelinat de la ville.
À une condition: que le travail soit accessible aux orphelins, garçons comme filles. C’était le début de la « ville d’or ». Des descendants de ces enfants pauvres sont d'ailleurs devenus des créateurs réputés!
100 ans après ce décret, durant les hivers durs, les gens de la campagne cherchent du travail pour survivre. Chaque jour, ils parcourent de longs kilomètres à pied pour gagner leur vie dans les usines de bijoux. C’étaient les « Goldschmiedbäuerle » (petits paysans orfèvres). Pour rentabiliser le temps de trajet, les filles tricotaient en marchant!
Témoin privilégié de cette épopée, le musée des techniques bijoutières et horlogères installé dans les anciens locaux de production de Kollmar & Jourdan (un des rares bâtiments ayant échappé aux bombardements, tout comme la villa en face d’ailleurs, où ont été créés les fameux œufs Fabergé).
C'est un musée vivant, grâce à la présence d’ouvriers retraités qui entretiennent ces machines, les mettent en route. Ils sont fiers de montrer leur savoir-faire, d'expliquer tout le processus de la fabrication d'une chaînette en or, d'une pièce en or...
Avec beaucoup d'enthousiasme et de fierté, ils nous apprennent tout sur la fonte de l’or, les différents alliages, le laminage, la fabrication de fils d’or et leur transformation en chaînes d’ancre, royale, vénitienne, queue-de-renard, le polissage, le recyclage, l’émaillage, le guillochage… sans oublier l’utilisation de… jus d’ail ! Et oui, il y a de petits secrets de fabrication qui sont ainsi dévoilés!
Avec un marteau-pilon, dans un bruit fracassant, l’ouvrier imprime une forme dans le métal qu’il offre ensuite aux visiteurs. Un petit souvenir bien précieux - même s'il n'est pas en or!
Pour tout apprendre sur l'évolution des bijoux, admirer des petits trésors précieux, direction le musée du bijou. C'est un bâtiment conçu par l'architecte Reuchlin qui sert d'écrin à une collection de près de 2000 pièces retraçant l’art du bijou depuis 5 000 ans.
Dans les différentes salles, on admire des petites merveilles de l’antiquité à nos jours, des bijoux ethnographiques, des magnifiques montres à gousset.
Année du 250e anniversaire oblige, deux expositions temporaires séduisent les visiteurs. « Must sees » raconte avec un brin de malice la place des bijoux dans l’art pictural, faisant "déborder" par exemple des rangs de perles d'un tableau. L'exposition « must-haves » attire sur tout les femmes: des pièces des grands joailliers… Tiffany, Boucheron, Chopard et autres Van Cleef & Arpels font briller leurs yeux de convoitise. "Must have"... Il me le faut ...
A défaut de posséder un des bijoux prestigieux, vous pouvez toujours vous consoler: à l'atelier des Schmuckwelten chacun peut créer ses propres bijoux. C’est aussi ici que des designers et orfèvres exposent leurs créations.
En cette année de fête, Pforzheim multiplie les clins d’œil à l'orfèvrerie, cette industrie qui a fait sa renommée.
Des grosses pépites jalonnent la ville (ne songez même pas à les subtiliser: elles ne sont pas en or!). Mais vous pouvez goûter de l'or liquide (façon de parler): la brasserie Ketterer a sorti une bière spéciale « Imperial Gold » et au Schlosskeller (16 bières à la pression)
même les burgers sont saupoudrés d’or !