Dernière édition : 22 janvier 2024
Flavigyny-sur-Ozerain fait partie des plus beaux villages de France : ruelles pavées, remparts, impressionnantes portes fortifiées, maisons anciennes, sculptures, jardins invitent à la balade.
Si les murs du village paisible pouvaient parler, ils conteraient une riche et passionnante histoire.
Lors du siège d’Alésia en 52 av. J.-C., Jules César a même installé deux camps et son quartier général sur la montagne de Flavigny. Pendant l’époque gallo-romaine, le lieu appartenait d’ailleurs à un Romain : Flaviniacum, le lieu de Flavinius.
Lors des invasions vikings, les reliques de sainte Reine d’Alise sont mises à l’abri dans l’abbaye Saint-Pierre fondée en 719.
Les vestiges de l’abbaye sont en visite libre.
Ce qui attire les visiteurs de nos jours, ce n’est pas la gloire du passé mais la gourmandise. Ils ne viennent que pour eux : les anis de Flavigny, ces petits bonbons tout ronds dont l’histoire plusieurs fois centenaires est aussi passionnante que celle du village.
C’est que l’anis a de nombreuses vertus.
Jules César faisait distribuer des graines d’anis vert à ses soldats pour leur éviter la dysenterie. Pour préserver ces précieuses graines, elles étaient enrobées d’un peu de sucre…
Les moines bénédictins de l’abbaye ont cultivé des plantes médicinales, dont l’anis pour ses vertus digestives.
Depuis 1591, les anis sont fabriqués à Flavigny, toujours selon la même recette.
Après le départ des moines chassés sous la révolution, la fabrication de ce qui est probablement le bonbon le plus ancien de France, continue. En 1814, on ne compte pas moins de huit fabricants dans le village.
Au fil du temps, Jacques Edmond Galimard les rachète et regroupe la fabrication au sein des bâtiments de l’ancienne abbaye.
Mais ce n’est qu’après le rachat en 1923 de la fabrique par Jean Troubat que les anis connaissent la gloire. Tombé sous le charme de l’abbaye et ses bonbons, il a l’idée de les vendre à Paris. Pour ce faire, il a installé des distributeurs automatiques dans les gares et le métro.
Jean Troubat diversifie les réseaux de distributions, exporte les perles sucrées au-delà des frontières.
Son fils Nicolas continue sur cette lancée, la production annuelle passe de 80 à 250 tonnes. En 1992, l’entreprise est classée « site remarquable du goût ».
Catherine, la petite-fille de Jean Troubat, continue à développer l’affaire familiale qui a fêté ses 100 ans en 2023. Elle a lancé une gamme bio,
Elle a aussi relooké les petites boîtes qui racontent l’histoire d’amour d’un berger et d’une bergère.
Au fil des boîtes aux parfums différents se déroule leur romance…
Le succès de ces petites billes sucrées et aromatisées réside peut-être dans leur apparente simplicité. Il n’y a que trois ou quatre ingrédients qui entrent dans leur composition : une graine d’anis vert (pimpinella anisum), du sucre de betterave (du sucre de canne pour la gamme bio), un arôme naturel. Pour certains parfums, il faut ajouter en plus un extrait de plante. Les arômes, tous naturels, viennent de Grasse.
La simplicité des bonbons n’est qu’apparente. Il faut trois ans pour former un dragéiste et cinq ans pour qu’il soit performant.
Pour obtenir ces perles sucrées, il faut patienter 15 jours. Dans des bassines en cuivre, les graines d’anis sont aspergées de sirop de sucre préparé sur place. Commence alors le long processus pendant lequel les graines tournent inlassablement dans les bassines, s’enrobant tout doucement de sirop.
Le bruit dans l’atelier de dragéification, est assourdissant. Les dragéistes tamisent régulièrement les anis pour obtenir un résultat uniforme. La qualité de chaque bassine est validée par une équipe de dégustation avant que les anis n’arrivent sur la ligne de remplissage.
La visite du lieu se déguste comme un bonbon. Il y a la crypte de l’abbaye carolingienne, vestige de l’ancienne église abbatiale, avec des éléments architecturaux des époques gallo-romaine, romane et gothique. Pendant plus de 1000 ans, la crypte fût un lieu de prières perpétuelles.
Les différentes salles du petit musée sont riches en objets d’époque, de récits, d’illustrations anciennes dont certaines datent de 1828.
Toutes les boîtes anciennes racontent la même histoire d’amour du berger et de sa bergère dans des décors des différentes époques.
C’est ainsi qu’on apprend que Louis XIV avait toujours une boîte d’anis dans sa poche.
Ou que les « épices de chambre » étaient servies à la fin d’un repas aux convives qui les emportaient dans leur chambre pour favoriser leur sommeil.
L’odorat des visiteurs est mis à contribution dans le laboratoire des arômes.
Les anciens ateliers de conditionnement et d’expédition se trouvent dans des salles voûtées qui étaient en activité depuis la Révolution française jusqu’en 2019 !
Les nouveaux ateliers se trouvent également dans l’abbaye.
Une visite guidée permet aussi de jeter un coup d’œil dans les nouveaux ateliers et de monter à la fabrication voir ces fameuses bassines.
Quel plaisir ensuite de se laisser tenter par la dégustation des anis. En s laissant fondre en bouche sans le croquer : rappelez-vous, il faut 15 jours pour le fabriquer !
INFOS
Anis de l’abbaye de Flavigny
21150 Flavigny-sur-Ozerain
Tél. +33 (0)3 80 96 20 88
Visites guidées gratuite toutes les 40 minutes entre 9h20 et 11h20, 14h et16h20.
Réservation conseillée (obligatoires pour les groupes) au +33 (0)3 80 96 29 01 ou sur
magasin@anisdeflavigny.com
www.anis-flavigny.com
www.bourgogne-tourisme.com
Avis aux collectionneurs : à l’ occasion des Jeux Olympiques, le petit berger invite sa bien-aimée à Paris pour un dîner romantique au pied de la tour Eiffel.
Fabriquées en édition limitée, la boîte collector est remplie d’anis au parfum de citron.