Martinique, à la découverte de l’île rurale

Lorsque Patrick Duchel quitte la métropole pour retourner « au pays », il n'a qu'une idée en tête : valoriser Madinina, sa Martinique bien-aimée. Il s'installe dans le nord, délaissé par les grandes chaînes hôtelières et les touristes en quête de sable blanc. Une région pourtant authentique, riche en paysages impressionnants et rencontres savoureuses.

Avec une quarantaine d'acteurs -restaurateurs, loueurs de gîtes, artisans, transporteurs, musiciens- il a créé le réseau TakTak :

«C'est le nom d'une luciole, explique- t-il. Un petit vers luisant qui met en lumière notre territoire depuis la marchande d'épices jusqu'à la compagnie aérienne. Chacun est une petite luciole. Ensemble nous formons un soleil. Nous voulons partager, accueillir les visiteurs du début à la fin, leur montrer toutes les richesses naturelles et culturelles de la Martinique. Nous voulons les recevoir comme des amis.»

Dans le réseau, point de grévistes et autres trublions de voyage: «Nous ne voulons pas faire fuir, s'exclame Joël, restaurateur à Morne-des-Esses. Qu'ils nous laissent travailler!» Ils, ce sont généralement les «sudistes», les gens de la ville...

Loueurs de gîtes, restaurateurs, accompagnateurs en montagne et en mer, chocolatier ou encore musiciens, tous ont à coeur de faire découvrir « leur » Martinique, leurs traditions, leur savoir- faire. Sorties en yole (c'est sportif!), en kayak à la découverte de la mangrove, à pied à l'assaut de la montagne Pelé, randonnées sur la presqu'île de la Caravelle ou encore dans des plantations d'ananas, visites de rhumeries, les acteurs du réseau TakTak sont là pour accueillir, accompagner, raconter, faire participer les amis voyageurs. Vous l'aurez compris, ils vous considèrent comme des amis de passage, non pas comme de simples touristes.

Patrick Duchel, qui est aussi accompagnateur de randonnée, est un véritable puits de science sur l'histoire, la faune et la flore de son pays. Il a créé, à Morne-des- Esses, Les z'amandines, un ensemble de sept petites cabanes (sans prétention mais avec l'essentiel comme salle de bain et kitchenette) dans son luxuriant jardin créole dont il fait profiter les vacanciers : ananas fraîchement cueillis et jus de goyave frais au petit-déjeuner, un petit avant-goût du paradis. Un site idéal pour les randonneurs et visiteurs qui ne rentrent que le soir.

Rencontre

Joël Palladino gère le restaurant familial à Morne-des-Esses, Le Colibri Parfumé, avec ses sœurs jumelles Marie-José, Marie-Joseph et sa nièce Tuli. Il s'est taillé une belle réputation pour sa savoureuse cuisine couleur locale.

Parmi ses spécialités : du calalou au crabe (un délicieux potage dont il garde jalousement le secret), de l'avocat au crabe, du cochon de lait accompagné de légumes du pays, le pigeon farci au nid, le buisson des z'habitants (écrevisses) et le fameux poulet coco qu'il a servi à François Mitterrand en 1974. Au dessert, le flan coco à la maman Palladino (on en reprend volontiers).
Installé dans la salle à la décoration sobre, bercé par le rythme de vieilles chansons créoles, on profite de la vue sur l'océan en sirotant un ti-punch parfumé aux surettes (fruits confits qui remplacent le sucre).
Comme tout est cuisiné frais, mieux vaut prévoir un peu de temps.

Le Colibri Parfumé fait partie du réseau Taktak tout comme le restaurant Le point de vue qui surplombe l'anse Charpentier. Monique et Ghislaine y proposent une excellente cuisine créole, simple et familiale, servie sur une terrasse avec une vue magnifique. Et le sourire en plus !

À l'heure de l'apéro, dans les cafés et restaurants au nord de l'île, la bouteille de rhum reste sur la table. Chacun mixe son ti-punch à son goût, plus ou moins corsé, plus ou moins généreux.