Dernière édition : 30 mars 2020
Y a-t-il un pays plus mystérieux que la République monastique du Mont-Athos ? Un petit pays qui interdit l’accès aux femmes – et même aux animaux femelles, à part les poules qui fournissent des œufs et donc le jaune d’œuf nécessaire pour pigmenter les icônes. Mais gageons que les biches n’ont cure des frontières et se baladent dans le vaste massif forestier !
Pour découvrir l’origine de son nom, il faut remonter le temps et l’espace jusqu’à la Gigantomachie, le combat entre Géants. Selon la mythologie grecque, le géant Athos aurait lancé un énorme rocher à la face du dieu Poséidon. Mais il le loupe, le rocher tombe dans la mer et forme une montagne…. le mont Athos qui culmine à plus de 2000 mètres.
Un site qu’Alexandre le Grand se devait de visiter, évidemment. Lors de sa venue au Mont Athos, on lui a proposé de sculpter son effigie au sommet. Mais cela ne s’est jamais fait.
L’apôtre Jean passe aussi par là accompagné par la Vierge Marie. Du coup, le Mont Athos est aussi surnommé le jardin de Marie, la seule femme à être admise sur la Sainte Montagne. « Sainte » ferait d’ailleurs référence à sa présence. Et c’est la visite de Marie qui serait à l’origine de l’interdiction faite aux femmes : elle aurait demandé que ce lieu lui soit consacré….
Il y a beaucoup de légendes et d’histoires qui entourent la République monastique qui s’étend sur près de 33 000 hectares de l’Aktè, la péninsule la plus à l’est de la Chalcidique. C’est un massif montagneux, recouverts de forêts méditerranéennes, d’oliviers, de vignes. Le vin est d’ailleurs très cher…
Si la présence d’ermites chrétiens remonte au moins au VIIe siècle, lorsque l’empereur Constantin IV leur donna le territoire. Le premier monastère, celui de la Grande Laure de l’Athos, fut fondé en 963 par Athanase l’Athonite. En 1923, le traité de Lausanne confirme le statut juridique de la République monastique du Mont Athos qui a même une petite « capitale », Karyes, à l’intérieur des terres.. Dans les monastères et les ermitages, vivent quelques 2000 moines orthodoxes grecs, bulgares, roumains, russes, serbes et autres.
Les 20 monastères orthodoxes attirent chaque année des fidèles et curieux du monde entier. Mais l’accès est strictement réglementé : par jour, seul 100 visiteurs orthodoxes et 10 sont admis. Mais auparavant, ils doivent demander un visa spécial au bureau des Pèlerins à Thessalonique. L’autorisation est accordée pour une date précise et une durée de 4 jours. Il faut retirer le précieux sésame, le diamonitirion, à Ouranoupoli (environ 2 heures de voiture depuis Thessalonique) avant de pouvoir embarquer sur le ferry qui longe la côte et dessert les différents petits ports des monastères.
Les visiteurs étant tous considérés comme des pèlerins, les moines leur offre l’hospitalité. C’est certainement une expérience inoubliable, d’autant que les monastères regorgent d’œuvres d’art : fresques anciennes, icônes, objets d’orfèvrerie, manuscrits enluminés… Depuis 1988, la République monastique est inscrite au patrimoine de l’Humanité comme un "haut lieu artistique" de "valeur universelle exceptionnelle". C’est triste de ne pas pouvoir admirer ces chefs d’œuvre !
Si la présence féminine n’est pas souhaitée dans la république pour ne pas tenter les moines, ceux-ci n’hésitent pas de venir s’amarrer au bateau de croisière pour vendre quelques souvenirs…. Ni venir avec leurs 4x4 à Ouranoupoli pour affaires…
Quant à nous, nous avons fait comme les touristes du monde entiers et avons embarqué sur un des bateaux qui longent la république du Mont Athos. Malgré la distance obligatoire à respecter, c’est un excellent moyen d’admirer les six monastères visibles depuis la mer. Des jumelles permettent de découvrir des chapelles, des bâtiments annexes, des serres plus haut sur les pentes abruptes.
De grands travaux de restauration sont menés dans tous les monastères.
Le point culminant de cette croisière est l’approche du mont Athos, la montagne sainte en forme pyramidale qui culmine à 2030 mètres d’altitude.
Trois heures plus tard, nous voilà de retour à Ouranoupoli. A défaut de partager un repas avec les moines, nous déjeunons au Skites, un charmant petit hôtel-restaurant. (www.skites.gr)
Les chambres sont simples mais avec une literie confortable, la cuisine fait la part belle à des savoureux plats traditionnels comme des sardines en feuilles de vignes ou encore des pommes de terre aux fruits de mer.
Mais nous avons quand-même eu notre repas « Mont-Athos ». A l’Arcotel Athena Pallas Village à Sithonia, la péninsule au centre de Chalcidique. Pour les besoins d’un film, un monastère en miniature a été édifié sur son site. Après le tournage, le propriétaire, Babis Pournaris, ancien architecte qui a construit beaucoup d’églises, a décidé de garder le bâtiment et d’y proposer une offre gastronomique hors du commun : diner avec les saints.
A l’intérieur du Hierion, des peintures murales représentent les archanges Gabriel et Michel et d’autres saints comme Barthélémy, Thomas ou encore Nikiforos.
De l’eau coule d’une fontaine.
La senteur de l’encens ajoute à l’ambiance.
Quelques tables sont dressées avec du cristal, des serviettes brodées. « Dans cette ambiance byzantine, comme vous pouvez la trouver dans une église orthodoxe aux Météores ou au Mont Athos, nous voulons proposer une expérience différente. »
Le chef a ainsi créé des recettes différentes, saines, inspirées des monastères du Mont Athos. Des plats aussi simples mais extrêmement goûteuses qu’une omelette aux herbes. Chaque plat est servi avec son vin dont plusieurs crus vinifiés au Mont Athos.
Ce moment hors du temps est aussi accessible aux visiteurs qui ne sont pas clients de l’hôtel.
SEJOURNER
Nous avons séjourné à Aristoteles Holidays Resort & Spa Ouranoupolis, Halkidiki
www.aristoteles.gr
Ses 240 chambres sont réparties dans des petits bâtiments de 3 étages maximum avec des toits en tuile, des façades avec du bois, des pierres naturelles afin de s’intégrer dans la nature.
L’Aristoteles hôtel appartient à la famille Geroukis. Son fondateur étant passionné de fleurs, pas moins de quatre jardiniers s’affairent sur le site. « La nature et la culture font la richesse de notre région qu’il ne faut pas détruire par des constructions démesurées, estime Lefteris Fragoulis, le manager de l’hôtel qui peut s’enorgueillir également de sa jolie offre culinaire dans le respect de la cuisine grecque traditionnelle.
Depuis la plage de l’hôtel, des petits bateaux emmènent les vacanciers sur les petites îles à proximité pour plonger, profiter des plages désertes.