L’Alentejo, là où bat le cœur secret du pays

Talha, vinifier comme les Romains

L’Alentejo compte parmi les grandes régions viticoles du Portugal. Sur quelque 22 000 ha de vignes, la moitié environ est classée en AOP en huit régions : Portalegre, Borba, Redondo, Reguengos, Vidigueira, Évora, Granja/Amareleja et Moura. Les vins blancs sont aromatiques et d’une belle fraicheur. Les rouges séduisent avec une robe grenat, ils sont plus intenses, plus riches et pourtant relativement suaves.

L’Alentejo est plus particulièrement connue pour pratiquer encore la vinification comme du temps des Romains. 2000 plus tard, nombre de ses vignerons perpétuent la tradition de faire du vin dans des amphores, appelées talhas. C’est dans ces amphores en terre cuite parfois gigantesques (jusqu’à 2 tonnes), que le vin est mis à fermenter.

Comme ces amphores sont poreuses, chaque vigneron a son petit secret pour les étanchéifier (résine de pin, cire d’abeille….), ce qui donne des saveurs différentes au vin. Une méthode de vinification deux fois millénaires qui est appliquée même dans des caves modernes où les techniques facilitent le travail des vignerons.

Pour mieux comprendre cette vinification, la visite du Centre d’interprétation à Vila de Frades sur la route des vins s’impose. Des vidéos, des tableaux montrent la fabrication des amphores par les potiers, et le travail en cave : les raisins foulés sont mis à l’intérieur des amphores.

Pendant la fermentation, le chapeau de marc remonte. Le vigneron grimpe alors sur une petite échelle pour casser ce chapeau solide. Il plonge une raclette en bois pour en extraire un maximum d’arômes et de couleurs. A la fin de la fermentation, le marc se dépose au fond. Le vin traverse ce marc qui agit comme un filtre pour sortir limpide à travers le robinet placé dans la partie basse de l’amphore.

Après avoir suivi toutes ces explications présentées de façon ludiques et pédagogiques, il est temps de déguster un « vinho de talha » autour d’un repas typique de la région !

Nous sommes allées au Pais das Uvas qui est à la fois restaurant et cave viticole. Ce n’est pas le moins cher mais rien que le cadre vaut qu’on s’y arrête. La porte s’ouvre sur une salle en longueur. Les tables sont dressées le long d’une rangée de jarres.

Plus intimes, deux petites pièces dont une permet de voir ce qui se passe en cuisine où plusieurs dames préparent des spécialités régionales.

Dommage, là aussi la carte est uniquement en portugais et personne ne semble parler une langue étrangère. Peu importe, les plats servis sont goûteux et copieux.

De là, une porte ouvre sur le grand caveau qui accueille, ce jour-là, un groupe de touristes en musique.

Dommage, ce jour-là, ce n’est pas le fameux cante alentejano, le chant polyphonique de l’Alejento inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Mais nous avons passé un bon moment avec des plats typiques, du bon vin et de la musique folklorique.