Ecosse, naviguer sur les Loch

Découvrir les plus beaux paysages des Highlands écossais depuis les voies d'eau, c'est un voyage hors du temps. Embarquement à bord du Caprice de la compagnie Le Boat pour une semaine de navigation.

Dernière édition : 29 juillet 2014

Soit, c'est plus compliqué d'arriver à la base de la compagnie Le Boat en Ecosse qu'à ses bases en France. Mais après avoir piloté « notre » bateau sur le Canal du Midi, dans la lagune de Venise et sur les canaux en Bretagne, nous avions envie d'élargir notre expérience et de partir à la découverte de l'Ecosse. Pourquoi ? Mais pour partir à la rencontre de Nessie, pardi !
Deux vols avec EasyJet plus loin (Bâle-Londres, Londres-Inverness), nous atterrissons sur le petit aéroport d'Inverness où nous attend déjà notre navette privée. Le transfert d'une heure trente mène en partie le long du fameux Loch Ness.

Nous arrivons à la base à Laggan Locks juste au moment où une péniche passe l'écluse aux sons d'une cornemuse. Welcome in Scotland. Le bureau de le Boat est aménagé dans une petite maison typique, blanchie à la chaux et fleurie. Les vacances peuvent commencer !

Andy, un des techniciens de la base, nous montre rapidement le bateau (comme c'est notre 5e voyage, on commence à connaître). Comme le pub d'à côté est fermé, il nous conseille de partir tout de suite, profiter du beau temps. La traversée du Loch Lochy ne prendrait qu'une heure et trente, après, nous pourrions nous amarrer pour la nuit.

Nous voilà partis. Dans le petit frigo, la bière « Loch Ness » livrée en même temps que d'autres provisions commandées via internet, sont en train de rafraîchir. A peine sortis du petit port de Laggan Locks, la magie des Highlands s'empare de nous.

La lumière de fin d'après-midi crée une incroyable palette de teintes vertes à droite et à gauche du lac. De larges étendues de prés sont ponctuées de champs de digitales, de rhododendrons. Les moutons forment des taches blanches. Ça et là, une maison témoigne de la présence humaine. Le temps passe, et nous avons presque l'impression d'être seuls au monde. Une petite inquiétude nous saisit : ça fait longtemps que nous avons dépassé le temps annoncé .... Mais comme en ce mois de juin le soleil tarde à se coucher à cette latitude, nous n'avons pas trop peur.... Voilà enfin la ferme d'élevage de poissons qui figure sur notre carte et, peu après, nous nous engageons à droite du petit phare pour nous amarrer dans la quiétude de l'écluse Gairlochy Locks.

Tout autour, des prés, des collines, des montagnes où la neige persiste encore. Premier petit dîner à bord avec la délicieuse bière de Loch Ness en guise d'apéritif. Ça vaut un repas gastronomique !
Les « midge », redoutables moustiques de la région, doivent se faire la même réflexion...
Surprise agréable : la maisonnette de service est très propre : douches et toilettes sont même chauffées. Le luxe !

Le matin, surprise : un brouillard épais recouvre tout et on se croirait au milieu de nulle part. Emmitouflés dans nos pulls, une tasse de thé chaud à la main, nous observons le lent retrait de ce manteau duveteux, tout en respirant l'air qui embaume les sapins. Tout est paisible...

Lorsque l'éclusier arrive pour nous permettre la poursuite de notre voyage, la vue est presque entièrement dégagée. Après avoir passé l'écluse puis le pont mobile, nous naviguons sur le Caledonian Canal. Creusé de 1804 à 1822, long de 96,6 km, il relie Inverness et la mer .... à Fort William et la mer.... C'est d'ailleurs le terminus pour notre petit bateau et nous amarrons à Banavie, juste avant l'impressionnante échelle de 8 écluses.

Pour aller dans la petite ville de Fort Williams, il faut prendre le bus : en bas des écluses, tourner à gauche, traverser la grande rue et prendre la 1ere petite rue à droite. Attendre à l'arrêt bus et, surtout, faire signe au chauffeur du N° 46 de s'arrêter ! Demander à sortir à l'arrêt de Nevis Sport. C'est le début d'une plaisante rue piétonne où l'on rencontre beaucoup de marcheurs : Fort Williams est le point de départ de nombreuses randonnées dans le massif du Ben Nevis. Avant de reprendre le bus N° 46 (direction Corpach), on fait quelques emplettes dans la supérette Tesco.
Sur le chemin du retour, possibilité de visiter la distillerie locale.
Quant à nous, ce « bain de foule » nous a suffi et nous n'avons qu'une hâte, retrouver notre bateau et le Loch Lochy, notre lac préféré ! Cette fois-ci, nous le traversons à fonds les manettes – c'est-à-dire royalement à 15 miles l'heure !

Nous passons la nuit à la base de Laggan Locks en compagnie de quelques autres plaisanciers. Il faut s'amarrer en marche arrière, sous le regard narquois des autres. Mais leurs sourires suffisants ne durent pas, nous savons manier ces bateaux-péniches ! Pas comme cet autre couple qui arrive à toute vitesse, met le bateau de travers au point de soulever partiellement le ponton. Nous volons à leur secours tandis que les autres ricanent bêtement..... La plupart du temps, il règne un esprit de solidarité et d'entraide entre les capitaines d'une semaine, mais bon, il y a des exceptions. Tant pis pour eux, nous ne les inviterons pas à l'apéro.

Le lendemain, l'écluse étant déjà occupée par un autre bateau, notre capitaine a du mal à se mettre face à l'écluse en attendant que le bateau sorte. Le vent nous repousse méchamment. Impossible de nous amarrer le long du ponton en attendant que l'écluse s'ouvre, alors nous tournons en rond sur l'eau...

À partir de maintenant, la lecture de la carte s'impose : il faut éviter les bas-fonds, des bras morts, des rivières ... On suit scrupuleusement les passages indiqués par des bouées rouges et vertes, même si cela parait parfois incongru. Nous nous amarrons au ponton du magasin Seven Head Store pour faire un petit coucou à la gentille équipe qui nous avait livré nos premières provisions. C'est aussi l'occasion de racheter de la bière, de l'eau, du pain.

Un peu plus loin, sur le Loch Oich, nous nous amarrons à l'ombre de la ruine d'Invergarry Castle et d'un voilier échoué. C'est l'endroit idéal pour un pique-nique romantique et une petite balade. Il y a un très bon restaurant gastronomique à proximité, mais dans notre tenue plutôt décontractée, nous préférons la version pique-nique !
La suite de la navigation est à nouveau magnifique. Beaucoup de petites îles, des prés, des forêts, des rhododendrons.... Finalement nous arrivons en haut de l'échelle d'écluses de Fort Augustus. Petit moment de panique : toutes les places d'amarrages sont prises, que faire, où aller ?

Nous avons de la chance. Depuis la rive, un éclusier nous demande : do you want to go down ? Then go right ! Alors on avance dans l'écluse, craignant à tout moment de nous faire insulter par les autres plaisanciers qui semblent attendre. Mais tout se passe bien. Contrairement aux autres écluses, il faut alors couper le moteur et deux d'entre nous doivent sortir, attraper les cordes à l'avant et à l'arrière pour guider – et tirer – le bateau à travers les 5 écluses. C'est impressionnant et les spectateurs sont nombreux.

Pendant la petite heure que dure cet étrange voyage nous constatons que nous sommes les seuls à ne pas avoir respecté les consignes du loueur de bateau : garder toujours son gilet de sauvetage quand on est sur le pont .... Ces Français alors.....
En bas, un long ponton permet à tous les bateaux de s'amarrer pour la nuit.


Comme il n'y a vraiment pas grand 'chose à visiter, nous nous installons au pub The Bothy. C'est l'occasion de goûter du whisky, des bières locales, le fameux haggis (moins pire que ce qu'on craignait) et d'excellents poissons. Après, nous nous installons au bar, regarder la fin du match de foot (la défaire de l'Espagne au Mondial !), observer les autochtones (même une grand-mère est juchée sur un tabouret de bar). C'est convivial et chaleureux.

Mais nous avons hâte d'être le matin et d'entamer enfin la traversée du mythique Loch Ness. D'accord, le monstre a beau n'être qu'une légende, n'empêche..... Tout le monde scrute la surface de l'eau à en avoir mal aux yeux. Rien.


Alors nous faisons une halte à Foyers pour nous dégourdir les jambes en montagne. Prendre la petite route à droite, puis, au croisement, prendre la route qui monte. Tourner à droite, dire bonjour au papi sculpteur de Nessi en bois, puis prendre le chemin forestier à droite juste avant l'hôtel. Un beau sentier monte jusqu'à la cascade de Foyers Falls. En haut (mais pas de vue sur la cascade) il y a des bons snacks et d'incroyables gâteaux géants.


De retour sur notre bateau, nous prenons le cap sur Urquhart Bay et la ruine de son château. Après avoir contourné la pointe où se dressent les restes de cette forteresse, nous arrivons dans le petit port de Drumnadrochit. En fait de port, il n'y a que des points d'amarrage. Un des rares endroits sans installations sanitaires – et un des rares où il faut payer pour passer la nuit. Dix livres, c'est beaucoup.

Qu'importe, puisque nous avons envie de visiter le centre Nessie pour en apprendre plus sur le monstre et la légende. Sur une affiche, deux numéros de taxis : manque de chance, aucun n'est dispo. Reste la possibilité de réserver une table dans un restaurant près du centre et de profiter alors d'un service de navette. Comme nous n'aimons pas être « forcés », et pour nous dégourdir les jambes, nous décidons d'aller à pied jusqu'au village. Sauf que, aucun panneau pour nous indiquer la bonne direction, à droite ou à gauche ? C'est à gauche, 2,5 miles le long d'une route nationale très fréquentée.

La visite du centre Nessie est très instructive – et en français ! Nous apprenons tout, ou presque, sur ce qui s'avère n'être finalement qu'un mythe : entre témoignages, fausses et authentiques recherches scientifiques et croyances, nous sommes bien obligés de nous rendre à l'évidence, Nessie n'existe pas... Nous reprenons donc le chemin de retour un peu désabusés... N'empêche, le soir, quand tout est calme sur le lac, nous ne pouvons nous empêcher d'observer à nouveau la surface de l'eau...


Le lendemain, nous poussons jusqu'à Inverness. Impossible d'aller plus loin : derrière l'écluse, il y a la mer. Là aussi, les éclusiers sont très serviables, nous donnant un plan de la ville, des bonnes adresses pour manger. Le soir, nous longeons, à pied, un bras de mer jusqu'au pub ..... pour le dîner. C'est soirée foot : la France contre la Suisse. Inutile de préciser que nous sommes un peu inquiets : les « frenchi » ont tout de suite été repérés dans ce pub hanté ( !), pourvu que nos petits gars bleu-blanc-rouge jouent bien ! Ce qu'ils ont fait, du moins ce soir-là !
Le voyage de retour à la base de Laggan Locks se passe bien .... Sur le Loch Ness, toujours pas de Nessie en vue, mais nous en avons pris plein les yeux des paysages écossais !